Fromages véganes ? c’est possible avec Jay & Joy, première crèmerie végétale en France, financée par la Nef !

Les beaux jours reviennent, l’envie de faire des apéros également ! Découvrez comment partager des moments conviviaux autour de fromages véganes et bio, avec le témoignage de Mary et Eric, fondateurs de Jay & Joy, une crèmerie végétale financée par la Nef depuis 2019.

Quelle est l’histoire de Jay & Joy ?

Mary : Jay & Joy est la première crèmerie végétale de France. Nous fabriquons des alternatives au fromage à base de lait d’amande et de noix de cajou bio. Chaque produit est préparé et affiné de façon artisanale dans notre atelier qui se trouve dans l’Oise, à La Croix-Saint-Ouen. Nous avons lancé le projet en 2015 pour répondre, d’abord, à un besoin personnel : retrouver les plaisirs et moments de partage autour du fromage, mais en version végétale.
Avec Eric, mon mari et co-fondateur, on est devenu vegan en 2014 mais on était (et on est toujours !) des grands gourmands et des grands consommateurs de fromage. En devenant  végétaliens, nous avons bien perçu l’importance du lien social créé par le fromage en France !  Les gens arrivaient à comprendre pourquoi on ne mangeait pas de viande, mais ne comprenaient pas pourquoi on ne mangeait pas de fromage. A l’époque, c’était considéré comme un “sacrilège” !

Nous avons commencé à acheter des alternatives au fromage “tartinable” d’abord, pour pouvoir retrouver ce plaisir et ces moments de partage que nous avions justement perdus. Ensuite, nous nous sommes lancés dans la fabrication, puis dans la commercialisation des fromages aux restaurants. Notre production étant totalement végane et bio, les supermarchés bio nous ont contactés, nous avons alors pris un local pour produire nos produits à plus grande échelle.

Comment avez-vous fait pour développer votre crémerie végétale ?

Nous avons pris des cours autour des questions alimentaires et de la cuisine végétale. L’objectif était et reste de trouver des alternatives qui ressemblent le plus aux fromages qu’on connaît. On voulait manger du camembert, du bleu, du chèvre… Mais en version végétale ! On s’est rapproché des maîtres fromagers et ingénieurs pour pouvoir apprendre ce savoir-faire et le traduire en végétal. Depuis cette époque-là, nous prenons 2 à 3 cours chaque année pour améliorer nos connaissances et développer de nouveaux produits. 

Le développement de Jay & Joy s’est aussi fait grâce au développement de la conscience écologique des français et sur les questionnements qu’ils portent de plus en plus sur leur consommation. Il y a deux motivations principales chez nos clients : 

  • la santé : intolérances au lactose, maladies anti-inflammatoires… Nombreux sont ceux qui ne peuvent pas manger de produits laitiers : tous ces gens-là le vivent mal et cherchent donc des alternatives.
  • la volonté de passer au végétal pour des raisons écologiques : réflexion sur l’empreinte carbone, le bien-être animal, etc

Nous avons voulu travailler avec ces deux publics : on veut de la joie, de l’abondance, de la gourmandise… tout en mangeant végétal ! Nous ne voulons pas qu’il y ait de la privation ou de la souffrance. Nous sommes à la découverte de nouvelles saveurs, de nouveaux produits, de nouvelles techniques… qu’on souhaite partager. C’est pour cela que le projet Jay & Joy est né ! Le végétal permet à tous et toutes de se retrouver à table et de partager des apéros, des planches… même avec ceux qui ne pouvaient pas le faire et étaient un peu mis de côté. Nous souhaitons servir le plus grand monde, et que chacun puisse se sentir “normal” et partager un apéro avec des amis… 

Comment la Nef vous a accompagné dans ce projet ?

Nous avons connu la Nef par l’intermédiaire de plusieurs acteurs de la bio.
La Nef nous a permis d’avoir des financements plus responsables, ses équipes sont très sympas et ont cru en notre projet et sa dimension écologique et locale (l’usage d’énergie verte, locale, bio, végan, une rémunération juste…). Nous avons fait un premier emprunt en 2019 à hauteur de 100 000€ pour acheter des machines afin de travailler sur les textures de nos produits : nous partons de produits entiers et purs, qu’on transforme nous même en crème, puis que l’on fait fermenter et affiner.

Le second financement a servi au déménagement de Jay & Joy dans l’Oise. Il fallait remplir le site avec des machines et nous avons dû faire des travaux. Nous avons aussi développé une nouvelle ligne de fromages râpés : un produit que nos clients nous demandaient beaucoup. Nous avons ainsi développé ce type de projet qui étaient un peu différents de ce que nous avions l’habitude de faire…grâce à la Nef !


Suite à ce déménagement, nous sommes passés d’un local de 40m2 à 400m2 : le changement d’échelle a été incroyable et ce nouveau site nous a permis d’encore plus nous spécialiser, de développer davantage de produits et de faire de plus grands volumes. Aujourd’hui, nous avons la chance d’être les leaders des marchés, tous nos grands clients sont dans la bio, nous vendons exclusivement dans des magasins bio comme les Biocoop. Nous avons une volonté de vouloir rendre plus facile l’accès à des produits spécifiques : pas seulement des produits bio mais aussi sans lactose, avec des noix, avec certaines matières premières, etc.

Aujourd’hui combien de personnes travaillent à Jay & Joy ?

Nous avons commencé en 2015 : j’étais toute seule. Aujourd’hui, nous sommes 30. Nous faisons de l’artisanat : il nous faut des mains pour faire les produits ! C’est pour cela que la majorité de l’équipe est en production : chaque produit est fait, emballé et mis en boîte à la main, cela prend beaucoup de temps. 

Quels sont vos objectifs et vos perspectives ?

L’objectif pour nous, est de continuer à innover, nous avons un petit laboratoire en interne qui nous permet de développer de nouvelles gammes de produits. Ensuite, nous avons l’objectif d’être numéro 1 en Europe : pour cela, nous devons développer des produits qui répondent aux attentes des clients, et ensuite il faudra que l’on trouve un nouveau site encore plus grand ! 


Quelle relation avez-vous avec la Nef ?

L’accompagnement s’est très bien passé, Anne Grall était notre conseillère, nous avions une relation très proche : on pouvait l’appeler quand nous avions des situations compliquées, ou simplement pour parler du projet, c’est ça qui était intéressant. C’est un projet qu’on construit ensemble. Ce n’est pas comme un échange classique, le conseiller est là pour nous guider et a une part active dans le projet, cela nous plaît beaucoup et nous permet d’être en échange et de l’améliorer, car il y a un retour d’expérience qui est fait par rapport aux clients existants. C’est vraiment quelque chose de très enrichissant, notre expérience avec la Nef est très positive, on grandit avec et c’est ça qui est beau !
Nos 2 prêts nous ont permis d’aller vers des marchés vers lesquels nous n’allions pas avant, pour des questions technologiques et dans lesquelles on peut désormais être et répondre aux besoins de nos clients et ne pas les décevoir. Quand on est une petite structure, nous sommes en permanence en train de répondre au besoin du marché qui évolue vite et il se peut, parfois, que des banques ne nous suivent pas car on vise ‘trop haut’, ce qui n’est pas le cas de la Nef ! Aussi, la Nef comprend les enjeux environnementaux, de société, et fait le pari d’accompagner des structures à impact. La Nef a su croire en notre projet, même s’il y avait un axe innovant très fort.

Les crèmeries végétales n’existaient pas avant, il a donc fallu y croire et avoir de l’ambition. Je pense que c’est ça, la force de la Nef : assumer les enjeux de société et environnementaux : il faut qu’on soit tous partis actifs pour le changement, et non pas en faire du greenwashing. Les changements que l’on veut voir dans notre société, la Nef en est en partie active et c’est ça qui est beau et qui nous plaît beaucoup ! 

Encore un grand merci à Mary Iriarte Jähnke, co-fondatrice et présidente et Eric Jähnke, co-fondateur et directeur général de Jay & Joy pour leur témoignage et pour leur sourire en couverture de notre nouvelle Liste des financements !

crédits photos : Alice Pagès, Marie Laforêt